Bénie en 1872,

Notre « dame » fête ses 150 ans !

Désirée dès 1860, l’église de Massérac n’est construite qu’à partir de 1869. Et toujours pas terminée lors de sa bénédiction en grandes pompes le 24 juin 1872 ! Moins luxueusement, nous fêterons fin juin prochain ce monument majeur de notre patrimoine.

C’est une véritable épopée qui durera finalement près de 40 ans, jusqu’à l’installation des quatre cloches actuelles en 1899. Avec des rebondissements comparables à ceux des grands travaux actuels : décisions lentes, querelles foncières et financières, budget explosé, « grèves », retards de construction, …

Dans cette histoire écrite par l’abbé Jacques-Gabriel Goulet, nouveau curé missionné pour ce projet, on note en effet que le dossier ne fait pas moins de cinq allers-retours en Préfecture avant d’être accepté, six ans après. En cause, le plan de l’architecte nantais Faucheux jugé trop monumental pour un village qui ne compte alors que 872 habitants. Et les financements, insuffisants par rapport au devis de 64.114 francs*, malgré la vente du lac de Murin, le don du terrain par l’abbé, d’autres donations et quelques subventions espérées.

Pendant ce temps, des Masséracéens ouvrent quand même une carrière à La Bessière pour extraire laborieusement les pierres nécessaires, en plus du granit de Saint Savinien et du tuffeau de Loire. Mais pour seulement « quelques bolées de cidre », ces volontaires s’arrêtent et ne reprennent que contre rémunération.

L'église Massérac début 20e siècle. Photo sur plaque de verre © Archives départementales de Nantes.

La première pierre

Après qu’on eut écarté l’idée de construire à la place de l’ancienne église du XIe siècle à côté du cimetière, à celle de l’ancien calvaire remplacé aujourd’hui par le monument aux morts ou sur autre pré voisin, la première pierre est posée sur un terrain appartenant à une famille de Vay, en centre bourg, en mars 1869. Et tout s’accélère enfin. En octobre 70, les murs sont déjà finis, couverts (sauf la tour), Goulet croit à une bénédiction en 71.

C’est sans compter avec de nouveaux problèmes financiers, le maçon réclamant notamment une grosse rallonge. Emprunt indispensable. Sans penser aussi à la guerre de 70 : « il fallut abandonner nos chantiers pour prendre les armes contre les Prussiens », écrit le curé. Finalement, les travaux reprennent fin 71, en abandonnant l’idée d’une flèche sur la tour qui sera provisoirement couverte en bois. En creusant aussi le déficit ! En oubliant même une installation des vitraux de la nef dédiés à Saint Benoît avant l’inauguration. Et, c’est toujours sans portes ni dallage, ni mobilier complet, que l’Évêque de Nantes bénit l’église le 24 juin 1872 !

 

La nef en 2021 © Dominique Lérault

Juin 2022

« Il est difficile de décrire la splendide fête » écrit Goulet. L’Évêque, une escorte du clergé, des gardes nationaux, une procession de plus d’un kilomètre, la place de l’église richement décorée, des arcs de triomphe, guirlandes, tentures, « joyeuses décharges de mousqueterie », … Le long récit de l’abbé est fabuleux, dithyrambique !

Pas question évidemment de fêter les 150 ans du monument de pareille manière en juin prochain ! Mais « Histoire et Patrimoine », aidée par quelques Masséracéennes ferventes et l’association « Les fours se réveillent », pense tout de même nécessaire de commémorer cet événement autant patrimonial que religieux.

 

Le reliquaire de Saint Benoît, classé aux Monuments Historiques. Et le portrait de Jacques-Gabriel Goulet. Né en 1820 à Basse Goulaine, ordonné prêtre en 1844, l’abbé fut installé à Massérac le 28 Août 1860 avec pour mission d’y bâtir une nouvelle église. Il est inhumé dans l’ancienne église où se trouve ce portrait. Photos © D.Lérault

 

L'église vue de l'arrière en 2021. © Dominique Lérault

Le week-end des 25 et 26 juin, Arnaud de Guibert, nouveau curé de Guéméné-Penfao, célébrera une grand-messe le dimanche matin. Dans une église parée de tout son patrimoine religieux : reliquaire de Saint-Benoît du 17e siècle, coffre de Fabrique du 18e, bannières de St Benoit et de baptêmes, ciboire des malades 19e,  classés ou inscrits au patrimoine national.

Les 150 ans de l’église (terminée dans les années 30) seront aussi l’occasion de montrer la vie rurale de l’époque. Des photos et des films sur la construction de l’église et le patrimoine (fours, moulin Roquet,…) seront visibles tout le week-end. L’association projette aussi un concert de musique ancienne, des repas cuits au four, dégustés dans « l’abbaye », des décorations florales entre l’église et l’ancien temple du cimetière,  des chants et danses traditionnelles.

 

Une exposition de portraits d’habitants de Massérac réalisés sur plaques de verre entre 1910 et 1920 par la désormais réputée Anne Catherine (de Redon) s’annonce exceptionnelle.

Un tombereau attelé à des bœufs  rappellera que ce sont des habitants volontaires qui amenèrent les pierres de La Bessière au bourg pour construire l’église. Un cheval tirant une charrette  suivra le même parcours. Bref, c’est un grand et surprenant week end qui animera Massérac les 25 et 26 juin prochains.

                                                                                                                                                                                                                D.Lérault  / dominiquelerault@free.fr

 

Le 24 juin 1872

La « splendide » fête du 24 juin 1872 écrite par l’abbé Grivaud dans l’hebdomadaire « Le petit Saint Benoît » en 1911, d’après les notes de l’abbé Goulet.

 

 

Le Petit Saint-Benoît n° 195. La fête du 24 juin 1872-page 1
Le Petit Saint-Benoît n° 195. La fête du 24 juin 1872-page 2
Le Petit Saint-Benoît n° 196. La fête du 24 juin 1872-page 3
Le Petit Saint-Benoît n° 196. La fête du 24 juin 1872-page 2