Massérac, la Massinius romaine

C’est à travers la « guerre des Gaules » et d’autres sources romaines ou grecques que nous arrivons à nous faire une idée plus précise de l’entrée de la Bretagne – et de Massérac – dans l’histoire écrite. Car pendant sa conquête de la Gaule, César dut affronter les Vénètes (de Vannes) qui se révoltèrent en 56.

Dans le courant du printemps et de cet été 56, les Romains construisirent de longs vaisseaux rapides, des nave longae, tout le contraire de ceux des Vénètes, plus difficiles à manier. Ceux-ci attaquèrent par surprise cette flotte romaine, commandée par Brutus. Suite aux caprices du vent, les Romains sabordèrent les Vénètes qui « périrent pour la plupart ». Mais d’après des sources antiques, cet événement fit partie d’une guerre qui s’exerça sur trois fronts dont un contre les Riedones (de Rennes).
César, prenant conscience de la fragilité de ses conquêtes et craignant de nouveaux troubles, va rechercher des conciliations avec les pouvoirs locaux en les soutenant et en ne leur imposant pas de charges nouvelles.

La Louzais, voie romaine?

Christophe-Paul de Robien, dans un manuscrit intitulé « description de la Bretagne », soulignait que des découvertes de vestiges romains, en 1756, montraient qu’elles « sont une preuve que la Bretagne n’a pas été indigne des soins de ces maîtres du monde » et « peut-être trouverions-nous (que les Romains) ne regardaient pas l’Armorique comme une province absolument barbare ».
Rome, afin d’asseoir sa conception de la vie collective sur l’Armorique, créa des cités et développa leur cadre, leur rayonnement : par des thermes et des aqueducs (à Rennes et à Carhaix), des amphithéâtres, des sanctuaires… Ainsi, par leur situation, ces cités étaient reliées entre elles par un réseau routier performant : un réseau méridional reliait Condevicnum (Nantes) à Quimper, un réseau secondaire reliait Nantes à Vannes en passant par Blain et en franchissant le gué de Rieux près de Redon, un autre réseau secondaire joignait Nantes à Rennes en passant par Blain qui était un véritable « nœud routier ».
Mais on ne peut considérer la chaussée de La Louzais qui franchissait la Vilaine à Langon comme une voie romaine ; elle serait plutôt d’origine féodale selon Jean-Yves Eveillard.
Cette conception de la vie collective se retrouva dans des lieux plus isolés et à la population plus clairsemée. Ainsi, dans le bassin de la Vilaine, plusieurs sites ruraux d’époque romaine ont été révélés : à Renac et à Sainte Marie de Redon une villa, à Langon un temple transformé en église Ste Agathe, à Renac des thermes et, selon Pierre Ricordel, des traces de vestiges romains, décelées en 1910, situées au niveau de l’oratoire de Saint-Benoît à Paimbu. Pour l’instant, nous n’avons pas les moyens techniques pour entreprendre sur ce site de plus amples recherches.
Ces sites, situés en général à proximité des cours d’eau, témoignent d’une extension et d’une rigueur dans la pratique agricole, tout en conservant les principes de la propriété foncière telle qu’ils étaient définis à la fin de l’âge de fer. Les villae armoricaines souvent des petites fermes à plan rectangulaire, construites d’abord en bois et en torchis, ont dû dans le courant du IIe siècle être bâties en dur. La présence de minerai de plomb, d’étain ou d’or explique l’importance du site de Renac près du marais de Gannedel. Ces apports de richesses autorisent à penser qu’une économie de marché étaient en place.

La bataille du Morbihan, enluminure du xve siècle.
La chaussée de la Louzais (photo D.Lérault)

l'île de Bretagne

Clovis (blog de taigong788)

Au début du Ve siècle. Les peuples germaniques, les Vandales, les Suèves, les Alains… franchissent une nouvelle fois le Rhin. Conjugués à de violents mouvements populaires, ces invasions amènent Rome à abandonner, en 410, « l’île de Bretagne » qui demeure sous la domination de « chefs guerriers, parfois déjà chrétiens ».
De ces deux siècles d’instabilité, nous ne pouvons savoir si les populations de l’Armorique intérieure en ont subi des conséquences fâcheuses. Certainement, l’économie a dû être ralentie ainsi que les échanges commerciaux. De plus, des analyses polliniques ont prouvé que l’agriculture avait régressé au profit de la cueillette et de l’élevage extensif.
Les premiers contacts des Bretons avec les Francs se situent vers la fin du Ve siècle. Childéric, le père de Clovis, ayant unifié plusieurs chefferies rivales, aurait subi un revers humiliant face à une coalition d’Armoricains et de Bretons. attachés à des territoires incontrôlables, en voie de « barbarisation ».

Clovis reprend ensuite la main, négocie et, après s’être converti au christianisme, scelle un accord de paix, vers 510, avec les Bretons armoricains. Ainsi, la fin de l’Armorique gallo-romaine s’avéra nébuleuse elle laissa la place à des Armoriques, mosaïque de régions opposant quelques groupes humains

Alain Billard / alain.billard2@wanadoo.fr